Récemment, j’ai été invité à la fête de départ à la retraite d’un de mes clients, cadre d’un grand groupe français. 90 personnes étaient venues de toute la France, 5 niveaux de hiérarchie se rencontraient dans une ambiance quasi familiale. Certains avaient quitté le groupe pour d’autres missions, mais ils étaient présents pour honorer le « monsieur » qui parfois les avait recrutés.
En introduction, sa Directrice Générale a retracé sa carrière avec précision et humour. Pendant 3 ans au début de sa carrière, il a eu la responsabilité de manager des équipes de terrains ce qui lui a donné selon lui l’humilité de comprendre les problématiques des managers intermédiaires. Il a ensuite progressivement gravi 2 niveaux hiérarchiques dans des environnements et avec des managers différents. La plupart de ses anciens managers étaient présents, même si certains étaient à la retraite depuis quelques années. Ses différents managers ont tous reconnu ses compétences et la grande confiance qu’il inspirait, car ils avaient pu « se reposer sur leurs deux oreilles » en ce qui concernait son périmètre d’intervention.
Ce cadre a ensuite pris la parole avec émotion, et nous a entre autres dit :
« Même si j’ai eu des moments plus agréables que d’autres, j’ai toujours pris plaisir à travailler avec les équipes sur les projets. »
« Je n’ai jamais manqué de temps, j’ai toujours eu le temps de faire ce que je voulais faire. A ceux qui me disaient qu’ils manquaient de temps, je leur proposais de se lever un peu plus tôt ». Son discours a été copieusement applaudi. Il a reçu un cadeau soulignant son amour de la mer et ses capacités sportives et cela s’est poursuivi par un cocktail dînatoire fort agréable.
Ce fut une soirée réussie et lors de mon voyage de retour j’ai commencé à me questionner sur ce qui peut définir une carrière réussie.
Je pourrais commencer par une belle fête de départ mais ce n’est pas si simple ! La notion de réussite implique une perception subjective et objective, et la frontière n’est pas si visible qu’il n’y paraît.
Critères objectifs d’une carrière de cadre réussie
La promotion fait partie des éléments objectifs qui réunissent les théoriciens de ce sujet de réussite de carrière. La promotion englobe les notions de prise de responsabilité hiérarchique, de salaire, de qualité relationnelle avec sa hiérarchie et ses collaborateurs…
Ces éléments objectifs de promotion sont essentiellement liés avec la capacité d’un cadre à prendre des responsabilités managériales, et être capable de sortir de sa zone de confort (souvent lié à son expertise). Le cadre qui grimpe les échelons est adaptatif et opportuniste, c’est-à-dire qu’il répond positivement aux propositions qui lui sont faites tant géographiques que techniques. Il ne se cramponne pas à sa seule vision de ce qu’il veut faire de sa carrière et de sa vie.
Réussir sa carrière ET réussir sa vie : critères subjectifs
En effet, considérant le temps de veille passé au travail, la réussite de sa carrière (de cadre) est un facteur important de réussite de vie en générale. Cette perception n’est actuellement plus sexuée, et selon une étude de 2016 de Deloitte (1) est partagée tant par les femmes que les hommes. Cette perception est accentuée chez les jeunes générations, (Y et Z) qui souhaitent réussir tant leur carrière que leur vie personnelle et trouver un équilibre satisfaisant entre les deux.
Réussir sa carrière est un élément important dans la réussite de sa vie, soit, mais ce n’est pas le seul et ce n’est pas l’objet de cette réflexion.
Parmi les critères subjectifs de réussite de carrière qui émergent souvent en premier des cadres, le sentiment d’être performant (lié à son expertise et l’atteinte des objectifs fixés).
Ce critère renvoie à deux autres critères subjectifs généralement perçus :
– être épanoui, c’est-à-dire prendre plaisir dans son travail
– être reconnu par sa hiérarchie, ses collègues, ses collaborateurs… ses amis, sa famille
Enfin deux autres critères subjectifs régulièrement exprimés par les cadres qui ont le sentiment de réussir leur carrière :
– trouver de l’intérêt à son travail, continuer d’apprendre et d’augmenter ses compétences, de rencontrer de nouvelles personnes enrichissantes et de minimiser le récurrent.
– trouver du sens, à son échelle, se sentir contribuer à un monde meilleur, plus juste, plus beau…
Cependant, il ne s’agit pas seulement de satisfaire ces critères temporellement mais de trouver aussi comment les satisfaire dans la durée.
Certains cadres, certains dirigeants sont comparables à des athlètes de haut niveau. Ils gèrent des amplitudes horaires élevées et des tensions liées à l’activité, aux ressources humaines, aux syndicats… Ils prennent de nombreuses décisions et restent concentrés sur de nombreux sujets en même temps.
Beaucoup de cadres avec lesquels je travaille sont attentifs à leur alimentation et sont de grands sportifs. Ils ont une grande aptitude à résilier leur stress et savent se ménager une vie familiale et amical.
Daniel Goleman (2) avec ses recherches poussées sur intelligence émotionnelle (IE) démontre précisément qu’à quotient intellectuel (QI) et à cursus équivalent entre deux cadres, ce qui fera la différence dans la réussite de carrière est l’IE. L’intelligence émotionnelle réfère à la capacité de reconnaître, comprendre et maîtriser ses propres émotions ainsi qu’à composer avec les émotions des autres personnes. La résilience au stress en fait partie et compte parmi les aptitudes importantes managériales.
En conclusion, réussir sa carrière dépend d’éléments objectifs et subjectifs qui se combinent et se complètent. Il semblerait que les aptitudes mises en œuvre pour garantir cette réussite : adaptabilité, résilience au stress, associer plaisir et performance, développer continuellement ses compétences, trouver l’équilibre entre vie personnelle et professionnelle, être attentif à sa santé contribuent toutes à favoriser une vie réussie. Dit autrement, les aptitudes requises pour réussir sa carrière sont tout autant pertinentes pour réussir sa vie.
1) https://www.cadreo.com/actualites/dt-cest-quoi-une-carriere-reussie
(2) https://fr.wikipedia.org/wiki/Daniel_Goleman
(3) Fabienne Bastide
https://www.cairn.info/revue-humanisme-et-entreprise-2009-1-page-1.htm
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